Sous une porte fortifiée, le linteau chargé d'une fleur à cinq pétales (peut-être la quintefeuille, possible emblème des Beaumont-le-Roger), soutenue par une tourelle crénelée, une femme, tournée vers la gauche, coiffée d'un touret et vêtue d'un manteau de vair, porte une robe armoriée. De sa main droite, elle soutient une grande fleur de lis, de la gauche elle tire le cordon de son manteau. Deux étoiles encadrent son visage. A gauche, un cep de vigne ou de lierre grimpe verticalement. Y sont suspendus deux écus armoriés : en bas un écu à une fasce accompagnée de deux chevrons, l'un en chef, l'autre en pointe (Fitzwalter), en haut, un écu chargé de sept mâcles (Quincy-Winchester) au dessus-de la fleur de lis. La robe de la dame est aux même armes, chargée de dix mâcles. Le fermoir de son manteau est lui aussi constitué d'une mâcle.
Le sceau de Marguerite de Beaumont-Leicester, dame de Quincy et comtesse de Winchester, a suscité de nombreux commentaires (Bony, Vincent). En plus de figurer une des premières représentations connues de robes armoriées, il expose trois armoiries ou emblèmes distincts sur un même sceau. La quintefeuille du château est très probablement un emblème préhéraldique de la famille de Beaumont-le-Roger, comtes de Meulan et Leicester. Il figure, en trois exemplaires, sur le sceau de sa soeur Amicie de Beaumont, dame de Montfort et compose le meuble des armes des comtes de Leicester à partir des années 1240. Les armoiries aux macles sont celles portées par l'époux de Maguerite de Beaumont, Saher IV de Quincy, à partir de son accession au titre de comte de Winchester, dans les années 1207 (il porte jusque là un écu à la fasce chargé d'un lambel à cinq ou sept pendants). Les armoriaux (Matthew Paris) en donnent les couleurs : de gueules à sept macles d'or. Pour Pierre Bony, ces armes aux macles pourraient être celles d'origine des Quincy, peut-être issus d'un lignage breton, parent des Rohan, ce qui expliquerait la similitude des deux armoiries. Pour Nicholas Vincent, ces armes pourraient dériver d'un losangé or et gueules porté par les Beaumont. Les armes situées au pied du rinceau sont celles de Robert Fitzwalter : d'or à la fasce de gueules accompagnée de deux chevrons du même. Elles dérivent de celles des Clare (d'or chevronné de gueules) dont Fitzwlater, comme Saher de Quincy, est parent. Cette association d'écus Fitzwalter-Quincy se retrouve à la fois sur le troisième sceau de Saher de Quincy (vers 1207) et sur un des sceaux de Robert Fitzwalter dont on conserve la matrice (Londres, British Museum). Les deux sceaux précédents de Saher de Quincy associaient déjà ses anciennes armes à celle des Fitzwalter, signe probable d'une fraternité d'armes pour ces co-seigneurs engagés dans la lutte contre le pouvoir tyranique de Jean sans Terre. Son troisième sceau mentionne également la fleur de lis près de l'écu aux macles, signe possible de son soutien au roi de France et au prince Louis.
